Les enfants et le jeu

Est-ce grave, docteur ?

Tout le monde s’entend. Le jeu est essentiel au bon développement d’un enfant. Mais, bonne nouvelle : vous n’avez pas à paniquer si votre enfant ne joue pas avec la montagne de jouets qui s’entasse dans sa chambre, ou s’il ne s’intéresse que (très) modérément à tous ses cadeaux de Noël. Explications.

Si le jeu est si essentiel, c’est qu’il incarne en quelque sorte le « travail » de l’enfant : en jouant, celui-ci développe son intelligence cognitive, sa créativité et, bien sûr, sa dextérité. Sans parler de sa confiance en soi, de son autonomie et même de ses habiletés sociales. Que du bon, quoi.

Par exemple, en jouant avec des blocs de construction, l’enfant fait des expériences, il travaille sa patience et développe son intelligence. Avec des déguisements, l’enfant fait des jeux symboliques, travaillant ici son imagination. Avec des jeux de société, enfin, l’enfant apprend à perdre, à respecter des règles et aussi à coopérer. Bref, à vivre en société.

Mieux : l’enfant qui joue canalise aussi ses émotions. La psychologue Nathalie Parent le vit en thérapie. Quand elle reçoit des jeunes patients souffrant de troubles du comportement ou d’anxiété, c’est précisément ce qu’elle fait : elle joue. 

« On joue avec des bonshommes, de la pâte à modeler, on fait des dessins et ça vient déjà réduire l’anxiété des enfants. On canalise l’anxiété dans le jeu. » 

— Nathalie Parent, psychologue

JOUER AUTREMENT

Mais attention. Avant de flipper parce que vos enfants, eux, ont plutôt tendance à bouder leurs jouets, posez-vous quelques questions. « Est-ce que les enfants ne jouent pas du tout, ou jouent autrement, avec des toutous, par exemple ? On est peut-être obsédés par les jeux éducatifs », souligne Julie Fortier, la responsable éditoriale de Naître et Grandir, qui publiera justement un dossier prochainement sur la question, Jouer pour grandir.

En un mot, si vos enfants préfèrent les jeux de rôle, jouer à l’école ou faire des spectacles, ils sont aussi en train de jouer.

Deuxièmement : avez-vous l’impression que votre enfant ne joue pas tout simplement parce qu’il ne suit pas le mode d’emploi ou les règles prévues ? Erreur. « Pour certains parents, ça peut être frustrant, concède-t-elle, mais il faut laisser l’enfant mener le jeu. » Pourquoi ? Parce que selon l’âge et le développement, c’est plus satisfaisant pour l’enfant, tout simplement. Et n’est-ce pas là l’objectif, après tout ?

Finalement : êtes-vous bien sûr que vos enfants ne jouent pas ? Ou est-ce que vous ne jouez pas avec vos enfants ? La nuance est importante. 

« Peut-être qu’on a l’impression que notre enfant ne joue pas parce qu’on ne joue pas avec lui. » 

— Julie Fortier, responsable éditoriale de Naître et Grandir

Or au contraire, il est très bon de laisser les enfants jouer seuls, pour développer leur autonomie, leur débrouillardise, bref, leur imaginaire à eux.

Et même si votre enfant joue peu, rappelez-vous qu’il a passé sa journée à la garderie à jouer, justement. Idem dans la cour d’école. « Et peut-être qu’à la maison, il a juste le goût de ne rien faire. » N’oubliez jamais non plus que chaque enfant a son tempérament à lui, certains étant tout simplement plus joueurs que d’autres.

Une seule règle d’or, finalement : laissez du temps à votre enfant. Du temps non structuré, évidemment sans écran. Pour qu’il s’ennuie, qu’il finisse par s’occuper, pour jouer, seul, avec des amis, ou pourquoi pas avec vous. C’est la clé.

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